France Plumfoot

Hongrie championne d’Europe 2025 : Rab a joie

Impressionnante de maîtrise, la Hongrie a renoué avec sa tradition d’excellence pour inscrire son nom en lettres d’or au palmarès de la Coupe d’Europe. Sept finales pour six médailles d’or, les Magyars ont giflé leurs rivaux allemands pour s’emparer sans contestation possible de la couronne européenne. Si l’ensemble du groupe hongrois a impressionné, le nom d’un joueur était sur toutes les lèvres à l’issue de la compétition : Alexander Rab. Intraitable en attaque, hyper mobile en défense, le petit prince hongrois est assurément le grand vainqueur de cette compétition. Le début d’un règne ?

On les avait quitté déçus et chancelants à l’issue de la dernière Coupe du monde. Revenus bredouilles de Tianjin, les Hongrois avaient dû regarder depuis les tribunes leurs rivaux historiques allemands célébrer leur médaille de bronze en double. Trop brouillons, mentalement instables et tactiquement pas assez disciplinés, les hongrois n’avaient pas fait forte impression. Pire, certains commentateurs se demandaient si la retraite sportive des champions historiques (Gábor Tot et Gábor Herczeg) ne sonnaient pas le glas de la plus belle période sportive hongroise.

A domicile, l’équipe hongroise a tapé du poing sur la table et repris le trône européen. A l’issue de la Coupe d’Europe, aucun doute n’est permis : les Hongrois sont les meilleurs joueurs de plumfoot du continent. Avec 100% de présence en finale, les hongrois sont passés à un cheveu d’un grand chlem historique en empochant six médailles d’or sur sept. Seul le double mixte leur a échappé, on notera toutefois qu’avec la blessure de Martin Kokeny c’est la joueuse Lila Farkas qui se chargeait des attaques. Même dans cette configuration, la paire hongroise a donné des sueurs froides aux allemands en finale…

Mais alors Jamy, pourquoi ces Magyars sont si forts ? D’un côté, on retrouve les ingrédients classiques d’une bonne équipe hongroise. Des gabarits imposants en triple (les frères Lucacs accompagnés de Gergö Horvath) qui prennent de la place en défense et envoient les pralines à répétition en attaque. Un réservoir impressionnant de jeunes joueuses de haut niveau (la finaliste de simple étant âgé de seulement 15 ans) qui laisse sans voix. Enfin une certaine science tactique, qui pousse notamment un joueur hongrois à perdre intentionnellement « laisser filer » un match de simple largement à sa portée sous les sifflets du public.

Pourtant, quelque chose est nouveau au pays du goulasch. Les anciennes générations hongroises suivaient à la lettre le manuel du joueur de plumfoot de haut niveau, dans des schémas rodés et exploités à fond. A ce titre, la rivalité avec les allemands n’avait pas débouché sur une opposition de style mais sur une concurrence dans l’exécution. Cette semaine, les jeunes stars hongroises Alexander Rab et Martin Kokeny ont illuminé la compétition d’un style fantasque et parfois flamboyant. La meilleure illustration vient probablement de la finale du double : alors que le premier set est extrêmement tendu, le passeur du jour (Martin) tente un renvoi direct sur la troisième touche pour varier le jeu à 18-18. Une hérésie à ce stade de la compétition contre des joueurs aussi expérimentés que Torben Nass et Philip Kuhne? Dans l’esprit d’un joueur normal évidemment. Mais pas dans la tête des hongrois ! Le point leur donne raison, les allemands étant totalement surpris de ce changement de risque et laissant leur échapper le volant. Plusieurs initiatives du même type auront marqué la finale, avec un taux de réussite délirant.

Tout au long de la compétition, Alexander Rab a dominé les matchs sans donner l’impression d’être poussé dans ses retranchements. Pour le simple, il réussit l’exploit de sortir successivement les deux frères Zentarra en demi et en finale. La différence de puissance en attaque saute aux yeux : alors que les attaques allemandes sont souvent reprises au pieds par Alexander, ses smashs sont si violents qu’ils laissent les allemands à plusieurs mètres du volant. De manière frappante, le joueur hongrois semble totalement imperméable à la pression. Il rigole sur ses erreurs, sourit entre les points et tente régulièrement des folies. En face, les allemands sont nerveux, s’énervent sur les points ratés et manquent de solution. Même topo pour la finale de double : les champions de Haspe sont sans solution en défense et ne parviendront jamais à ramener les attaques.

Alors que les champions allemands entrent pour la plupart dans la trentaine, ce succès marque-t-il le lancement d’un règne sans partage ? Il est difficile de savoir si la tendance se confirmera, mais le champion hongrois semble en mesure de dominer le circuit européen pour un bon moment. Si ses concurrents veulent en prendre la mesure, il faudra trouver des solutions en défense pour mettre en difficulté un attaquant aussi talentueux et imprévisible.

Etienne, depuis la Hongrie

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.