Débutant la compétition avec l’étiquette d’ultra-favorite, la championne hongroise a tenu toutes ses promesses en se hissant en finale de chacune des quatre épreuves. Bluffante de régularité en attaque, techniquement impeccable, elle a pourtant laissé échappé la possibilité d’un quadruplé historique en s’inclinant en finale du double mixte et du double féminin. L’essentiel est ailleurs : à 26 ans, Lilla Farkas est plus que jamais la meilleure joueuse européenne.

La préparation physique est un pilier majeur de la performance sportive. Si l’on a tendance à l’oublier en voyant parfois briller des joueurs à l’hygiène de vie douteuse, Lilla est venue nous rappeler l’importance de cet axiome fondamental de tout sport. Un simple coup d’œil au Strava de la joueuse donne la couleur. « Morning ride : 60 km en 1h55 », « morning run : 11 km en 59 min », « evening run : 7 km en 35 min » : en plus d’être une championne palmes aux pieds, la joueuse de Ujszasz est également une triathlète confirmée. Cette caisse physique exceptionnelle s’est affichée durant la compétition, où Lilla n’a donné l’impression de flancher à aucun moment. Interrogée sur place par nos deux journalistes stars, la hongroise confirme qu’elle s’entraine physiquement 5 fois par semaine en plus des entraînements de plumfoot. Un sacré exemple pour les apprenti(e)s champion(ne)s qui nous lisent !
Mais alors, pourquoi est-elle si forte ? Si Lilla est une joueuse complète, ce qui la distingue des autres expertes du tournoi est probablement la puissance de son smash. Sa qualité technique est bien sûr au rendez-vous, avec très peu d’erreurs dans les contrôles ou les passes, mais pas plus que les meilleures joueuses allemandes par exemple. En revanche, Lilla est la seule joueuse du continent à pouvoir taper aussi fort et aussi régulièrement. La meilleure illustration en est l’épreuve de double mixte : alors que son partenaire Martin Kokeny est blessé et ne peut pas attaquer, la paire hongroise arrive à rejoindre la finale de l’épreuve ! De mémoire d’homme, jamais une équipe de double mixte où la joueuse est l’attaquante principale n’avait réussi cette performance. Les hongrois n’ont pas été loin d’écrire l’histoire, puisque la finale contre le double Torben / Sara a été particulièrement serrée, les allemands mettant du temps à prendre la mesure du smash de la hongroise.

En simple et en triple, la championne n’a pas fait de détails. Sûre de son fait, concentrée et extrêmement stable mentalement, elle est parvenue à récupérer la médaille d’or. L’épreuve de simple aura réservé deux beaux combats, contre Franzie Oberlitz en demi-finale tout d’abord. Sous les encouragements du clan allemand, Franzie est parvenue à déstabiliser par moment la joueuse hongroise, en jouant long pour neutraliser les montées de balles pour les smashs. Toutefois, grâce notamment à une gestion admirable des time-out dans les moments chauds, Lilla a réussi à prendre le dessus et à remettre son jeu offensif en route, s’imposante en deux sets. La finale réservera un combat magnifique contre l’autre joueuse hongroise du tournoi, âgée seulement de quinze ans (!) et disposant déjà d’atouts techniques formidables. C’est tout de même l’ainée qui l’emportera le duel, en parvenant à serrer le jeu en fin de sets dans le money time.
La dernière journée, avec l’épreuve de double, laisse envisager une nouvelle victoire pour Lilla et une domination totale dans les épreuves féminines. Tout se passe comme prévu en début de journée, Lilla et sa partenaire parvenant à rallier la finale sans encombre en écartant les allemandes n°2 en demi-finale. Le stade se prépare au dernier sacre de la reine et les tribunes se remplissent pour assister à une finale 100% hongroise contre la jeune paire hongroise n°2 Horvat / Berezvai issue de Nagikanisa [dans le rush de la salle de rédaction, votre serviteur n’a pas réussi à retrouver l’orthographe de la ville]. L’équipe de Ujszasz emmenée par Lilla part confiante : en cinq affrontements en tournoi national cette année, elles ont gagné cinq fois et le plus souvent en deux sets. Le niveau d’attaque de Lilla affiché en double mixte laisse présager d’une victoire sans encombre.
Pourtant, dès les premiers points de la finale, l’armure se fissure et la paire de Ujszasz montre des signes de nervosité dans la construction. Les challengeuses de Nagikanisa en profitent, se libèrent et font la course en tête. Cette dynamique ne s’inversera à aucun moment du match, les challengeuses ne relâchant jamais la pression et parvenant à s’imposer. Pour la deuxième fois de la semaine, la championne doit se contenter de la deuxième marche du podium. Le bilan de la semaine reste pourtant sans débat : quatre finales, deux médailles d’or et deux médailles d’argent. Aucun athlète homme ou femme ne fait aussi bien cette semaine.

Bilan de la compétition : triomphe absolu ou occasion historique de grand chlem gâchée ? Certains verront la coupe (des champions) à moitié vide et d’autres à moitié pleine. A 26 ans, le rédacteur de cet article considère que la joueuse est dans sa prime jeunesse et a encore plusieurs coupes d’Europe devant elle pour tenter de réaliser cet exploit. Les moins optimistes feront observer que les jeunes joueuses hongroises d’à peine 20 ans poussent déjà à la porte pour s’emparer du trône. Une chose est sûre : Lilla Farkas sera présente aux prochaines éditions pour défendre ses titres !
Etienne, depuis la Hongrie