France Plumfoot

Tintin en Hongrie – Nature, culture, saumure, biture

Muni d’un lexique d’une dizaine de mots en hongrois, notre reporter lifestyle a profité de son temps libre important pendant la compétition pour enquêter sur la culture hongroise, l’ambiance dans la région rurale du comitat de Pest où se tenait la compétition, et vous en dire un peu plus sur l’organisation aux petits oignons par le club de Tapiobicske, emmené par le tonique Maté Nagy et sa compagne Flora. 

Côté sportif : le Varosi Sportcsarnok de Nagykata

Le centre névralgique de ce championnat d’Europe, c’était bien évidemment le gymnase municipal de ce bourg d’une dizaine de milliers d’habitants situé sur la ligne de train pour Budapest. 

Le nombre limité de terrains (seulement quatre !) a obligé organisateurs et joueurs à effectuer des journées à rallonge d’une douzaine d’heures. Malgré cette difficulté technique, l’organisation était de bonne tenue pour une compétition internationale : installation son et lumière pour animer les lancements de matchs, prestation parfaite de la speakerine (ancienne triple championne d’Europe), cadeaux pour tous les athlètes, planning horaire des matchs annoncé en début de journée et à peu près respecté, nombreux bénévoles présents pour assurer l’arbitrage, etc. Bravo à l’équipe d’organisation, on sent qu’ils voulaient être à la hauteur de l’événement ! 

Côté détente : Le « village Olympique » au Kincsem Lovaspark de Tapioszentmarton

À peine débarqués à l’aéroport, après une petite heure de trajet, les sportifs ont découvert le lieu d’hébergement proposé par les organisateurs : il s’agissait du centre équestre local, parfaitement adapté pour accueillir de grandes délégations puisqu’il est équipé d’un restaurant et de plusieurs dizaines de chambres. 

Dans ce petit havre de paix avec vue sur toute la campagne environnante (le coin est très, très plat), français comme étrangers ont pu se reposer dans des chambres lambrissées plutôt confortables et s’empiffrer autour d’un buffet bien garni. 

Au menu : de la bidoche, de la bidoche et encore de la bidoche ! Charcuterie et saucisses le matin, travers de porc, goulasch et poulet au paprika le soir. L’ensemble était plutôt de bonne facture, même si certains athlètes à la recherche de vitamines s’en retrouvaient réduits à se gaver de salade de chou et autres légumes en saumure, à volonté pour tous les repas. 

On put aussi profiter de la présence de 3 chatons qui devinrent vite les stars du village olympique, observés et photographiés sous toutes les coutures par les différentes délégations : ici en train de chasser la souris, là en train de dormir les uns sur les autres dans un fauteuil…

Côté voiture :  

Quand on organise une compétition sur deux sites différents, à la campagne qui plus est, il faut prévoir de quoi transporter les joueurs en conséquence. De nombreux bénévoles venus de tout le monde du plumfoot hongrois ont donc participé à un ballet de voitures, matin et soir, pour transporter la soixantaine de sportifs. Ces trajets nous permirent d’observer le paysage de cette région rurale et au relief peu marqué : les villages tout en longueur déroulent leurs alignements de maisons carrées sur plusieurs kilomètres. Nous pûmes aussi échanger en anglais voire en allemand avec nos conducteurs, sur la vie dans le coin, les championnats d’Europe passés ou la situation actuelle du plumfoot hongrois et du club de Ujszasz après le décès de Janos Feher senior. 

La palme du conducteur le plus intrépide revint à Peter, ancienne gloire de la plume en Hongrie, qui nous fit de multiples démonstrations de la capacité d’accélération de sa Tesla (475 chevaux, 0 à 100km/h en 2 secondes), parfois au péril de la vie des poules qui traversaient la route devant le gymnase. 

Côté culture : la bataille de Tapiobicske

Les organisateurs avaient prévu une matinée culture le dimanche matin, avant la journée de double mixte. Pour le plus grand plaisir des amateurs d’histoire ainsi que de la délégation autrichienne, nous nous sommes rendus sur le site de la bataille de Tapiobicske, affrontement important qui eut lieu en 1849 entre l’armée révolutionnaire hongroise et les troupes impériales autrichiennes. 

L’association historique locale organise une reconstitution grandeur nature tous les ans, et certains membres en costume étaient présents pour nous faire une petite démonstration : après les explications de l’officier sur le déroulement de la bataille, les soldats révolutionnaires ont fait tonner les canons, un jeune aide de camp a interprété un chant patriotique et l’organisateur en chef Maté a fait (long) feu avec un mousquet d’époque. 

Pour se remettre de ces émotions, on put goûter à de bonnes saucisses locales et prendre une – ou cinq – tournées de palinka, en trinquant avec les soldats dont certains semblaient entretenir une relation passionnée avec la bouteille. Après tout, 11h du matin, ça commence à être l’heure de l’apéro !

Côté biture : Borsodi, Soproni ou palinka ?

Comme l’ont montré les soudards du dimanche, nos amis hongrois ne sont pas les derniers lorsqu’il s’agit de trinquer. La buvette du gymnase proposait donc des grandes canettes de Borsodi tandis que le restaurant du centre équestre misait plutôt sur les pintes de Soproni à la pression. Au gré des jours, les athlètes qui avaient terminé (ou pas) leur compétition furent de plus en plus nombreux à se laisser tenter par une petite mousse. 

Les organisateurs avaient prévu 2 temps festifs : le dimanche soir, ils nous firent traverser la forêt pour rejoindre une salle des fêtes en pleine nature à Tapiobicske. Nous étions hébergés à Tapioszentmarton et les matchs avaient lieu à Nagykata, il était donc important pour l’équipe d’organisation que nous passions au moins une soirée dans la ville du club organisateur. Malgré la température bien fraîche pour un repas en terrasse, les joueurs se mélangèrent un peu et se réchauffèrent autour d’un bon paprikas krumpli (ragoût de pommes de terre au paprika) préparé dans un chaudron par les bénévoles locaux. 

Le mardi soir, dernier jour de la compétition, c’était la grande soirée de clôture ! Après une journée de double haletante, une démonstration de cheerleading et une finale de double masculin commentée en anglais par Étienne S. et Ciccio, les délégations n’attendaient plus que la traditionnelle célébration finale. 

Réunis dans la salle des fêtes du centre équestre, nous pûmes cette fois déguster un goulasch au chaudron. Verdict : victoire des cuisiniers bénévoles du mardi soir. Il fut ensuite temps d’enlever les tables et de laisser le DJ enflammer le dancefloor et la palinka finir de réchauffer les gosiers. On notera une belle présence des délégations françaises et italiennes ce soir-là, les allemands n’étaient pas en reste. La plupart des sportifs et bénévoles hongrois avaient également fait le déplacement, malgré quelques absences notables. 

Ces moments sont de belles occasions d’en savoir plus sur les champions étrangers en-dehors du terrain, avec quelques métiers originaux (douanier, géologue, gardien de prison), ou encore des liens familiaux insoupçonnés (comment ça, Sarah est la sœur de Sven ??).  Pour les plus téméraires, ce fut aussi le moment de tenter des rapprochements culturels approfondis…

On peut essayer de tirer quelques enseignements de cette belle soirée : 1) la calvitie, ce n’est pas rédhibitoire ; 2) les événements hors du terrain permettent de créer un bel esprit de communauté dans notre sport ; 3) même à 4h du matin et après de multiples entorses à leur hygiène de vie, les grands champions ne quittent jamais le terrain et évoquent des souvenirs de match d’il y a 15 ans : « I played against him in the 2010 French Open, it was 19-17, I smash on his left foot, and he does this! [mime une défense de smash du pied droit, en le faisant passer derrière la jambe gauche] »

Après 4 jours intenses sur et en-dehors du terrain, le temps des adieux était venu, avec un petit air de fin de colo. Pour les moins chanceux, ce fut la navette de 3h du matin pour attraper l’avion pour Paris aux aurores. Pour les privilégiés, il y eut une petite prolongation franco-italienne à Budapest le mercredi soir. 

De retour en France, l’ensemble de l’équipe n’a hâte que d’une chose : participer à la prochaine compétition internationale. Ce sera pour la Coupe du Monde 2026 en Allemagne. Mais avec une seule équipe par pays, les places seront chères… 

JB, depuis la Hongrie

Bonus –  le petit lexique de hongrois péniblement appris par nos reporters : 

Un – Egy

Deux – Kettö

Trois – Harom

Bonjour (formel) – Jonapot

Bonjour (informel) – Szia

Au revoir – Viszlat

S’il vous plaît – Kérem

Merci – Köszönöm (köszi)

Fair-play – Sportszerüség

Bière – Sör

Vin – Bor 

Restaurant – Ettérem 

Grand – Nagy

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