France Plumfoot

Jour 5 : le jour le plus long

Cette journée fut vraiment, vraiment très longue. Premier match lancé à 8h15, le dernier se terminait vers 20h15, 12 heures durant lesquelles l’équipe de France n’a pas arrêté d’être sollicitée ! Tous les matchs de doubles ont été joués et les paires qui représentaient la France étaient Justine – Laeticia, Anthony – Ayman. Et une fois tous ces matchs joués, c’est le tableau du triple masculin qui reprenait avec Etienne – Xavier – Ayman, à partir de 18h30 … dur de s’imaginer devoir rejouer demain, c’est pourtant le cas d’Anthony et Justine qui devront assurer pour le double mixte ! Bon, je sais pas par où commencer avec cette journée remplie d’émotions … peut-être par la nuit dernière.

1 mouton, 2 moutons, 3 moutons …

Il est fréquent en juillet de tomber malade à Hong-Kong  à cause de … la clim’ qui tourne à fond tout le temps, partout ! À peu près tous les joueurs de l’équipe ont une droit à un petit chat dans la gorge, ou bien un peu de température etc. Perso mon ticket gagnant migraine + mal de gorge m’est tombé dessus la veille de cette journée si longue (à cause de cette Assemblée Générale tenue dans un endroit qui se veut classy donc – forcément – très climatisé). Je me retrouve donc hier soir à minuit à chercher le sommeil au milieu de deux raclements de gorge. J’essaie de me focaliser sur l’envie de dormir, rien à faire, l’idée que demain je vais jouer pour la première fois l’épreuve de double masculine aux championnats du monde revient sans cesse. Je pense aux matchs qui nous attendent, aux passes que je vais faire à Antho, à notre stratégie de défense. Je me reprends, il doit être 1 heure du matin là mec, tu n’as déjà pas assez dormi la nuit d’avant, endors-toi si tu veux être performant demain ! Mais c’est tantôt le mal de gorge, tantôt la migraine, tantôt la chaleur de la chambre (ben oui j’avais coupé la clim’ j’en avais marre !) qui m’empêche de câliner Morphée. J’ai pensé à tout et n’importe quoi pour faire passer cette insomnie, appeler Daphné pour me tranquilliser, aller à la salle de musculation me défouler (ça m’est vraiment passé par la tête, passé un certain temps le désespoir rend bête) histoire que la fatigue revienne … rien de tout ça finalement heureusement, j’ai réussi à ne pas regarder l’heure, sauf une fois, peu de temps avant que je m’endorme finalement … 3h30 … Donc quand on se réveille à 6h30 derrière forcément ça pique, avec le mal de gorge insistant, la migraine qui appuie, aaah ! Mais bordel cette nuit ne devait pas se passer comme ça ! Je devais dormir du sommeil du juste, me réveiller frais et dispo pour attaquer tous ces matchs ! Si je donne tant de détails sur cette nuit un peu dure de merde (ben oui), c’est parce que sur le plan sportif la journée qui a suivi a été l’une des plus réussies parmi celles que j’ai eu l’occasion de vivre. Une belle leçon pour l’angoissé que je suis : inutile de se pourrir le mental parce qu’on n’a pas pu se coucher à l’heure idéale ou bien avoir le repas équilibré que l’on souhaitait, l’adrénaline et l’envie de gagner font elles l’essentiel du job.

Même si la peur m’assaille

Pour l’avoir déjà expérimenté, rien de mieux pour entamer la confiance dans son équipe, que de commencer la journée par un « j’ai super mal dormi, je me sens pas bien, je crois que le petit-déjeuner ne passe pas très bien » … j’ai donc tenu bon et évité de parler de mon état, surtout à Antho. Dans la navette qui nous mène au gymnase, puisque je n’en mène pas bien large dans ma tête, je décide de m’isoler un peu avec de la musique, c’est toujours assez efficace avant une compétition, histoire de se mettre dedans. Justine faisait la même la veille pour son épreuve de simple en écoutant la BO de Rocky (très bon choix !), de mon côté c’était du bon rap/hip hop, ça a toujours marché pendant mes études pour focaliser mon esprit, pareil pour la compétition ! Un peu de Nas (ah ! The Message), du Wu-Tang et bien sûr une dose de IAM/Shurik’n en clin d’oeil à la vidéo de soutien que nous a envoyé ce dernier, merci encore à lui ! Arrivée dans la salle, tout le monde commence à se chauffer, en essayant de se tailler une petite place dans l’espace restreint alloué aux entraînements. J’ai la tête qui bourdonne et le repas qui rebondit dans mon estomac, plus tard sur les vidéos si vous me voyez éructer … un peu d’indulgence s’il-vous-plaît …

Double dames

La poule pour les filles : Vietnam, Taiwan, Hong Kong.

Les filles commencent par Hong Kong. Voulant probablement s’économiser pour la suite les joueuses de Hong Kong commencent le match en sous-régime et s’offrent une petite frayeur : Laeti et Ju collent au score, 17-17 et on commence à y croire. Hong Kong enterre finalement le set en gagnant 19-21. Leçon retenue pour le deuxième set : Hong Kong tourne la molette au niveau max et les filles s’inclinent 10-21.

En attente du prochain match, alors que Laeti est en train de courir au milieu du gymnase, elle trébuche sur la jambe d’une des deux joueuses de Taiwan et tombe sur son genoux qu’elle a du mal à déplier une fois debout. Frayeur : on n’a que 3 filles, avec une blessée c’est un forfait pour le triple. Heureusement, plus de peur que le mal, un infirmier vient vérifier que l’articulation est intacte et appose un sac de glaçon sur la contusion. À côté de ça Justine s’emporte : « elle l’a fait exprès, j’en suis sûre ! », ah la la le sang Marseillais ! Qu’on ne touche pas à la famille ! Et qui est-ce qu’on affronte justement au prochain match ? Taiwan ! La colère de Justine lui sert et elle rentre dans ce match plus agressive que jamais sur ses smashs. Les Taiwanaises mettent elles plusieurs points avant de réussir leurs attaques mais les françaises s’inclinent finalement. Dernier match de poule : le Vietnam …  dur de faire quelque chose même si la photo ci-bas montre la présence de Ju au contre !

 

Dernières de leurs poules les filles affrontent la Chine en quart de finale, sans vraiment d’espoir possible, c’est un bon entraînement au contre pour Laetitia !

Ju et Reka, les coupines !

En reclassement les filles affrontent d’abord la Hongrie. On aura rarement vu une ambiance aussi détendue (sans pour autant nuire à la qualité des échanges !) : la vedette hongroise Reka Kunics s’est liée d’amitié avec Justine, c’est marrant de les voir se sourire entre les points, se complimenter lorsqu’elles font du beau jeu. On assistera d’ailleurs à un bel exemple de fairplay de la part de Reka : suite à une faute de filet sifflée par l’arbitre contre la France et contestée par les joueuses, Reka ratera volontairement son service afin de rendre le volant aux bleues. Un peu plus tard, Justine voulant rendre la pareille n’arrive pas (!) à rater son service et marque un ace 🙂

 

Match perdu contre la Hongrie, il reste donc un match de reclassement … celui que l’on n’a pas le droit de perdre : le match contre l’Allemagne. Après un début confortable avec une avance de plusieurs points et de nombreuses attaques placées par Justine, les allemandes décident de changer leur stratégie d’offense en permutant leur attaquante Lina avec la passeuse Tania. Stratégie réussie, les smashs de Tania sont lus plus difficilement et les allemandes parviennent à revenir au score ! Je manque la fin de ce match, car le triple commençait de mon côté, ce n’est que plus tard que je vois de loin Lina, une joueuse allemande en pleurs, et les filles se serrer les mains … bravo les bleues pour cette victoire qui n’était pas acquise !!! Le résumé du match : rattrapée au score au premier set, les filles ont tout de même réussi à gagner à prendre le set. Pour le second, elles ont creusé une distance de 5 points qu’elles ont réussi à tenir jusqu’à la victoire. Souvenirs de Vietnam 2013 où Mai Lan et Trang avait ouvert la voie pour la victoire face aux allemands, Tania va finir par détester la France …

Double homme

Notre poule : Vietnam, Hong Kong, Taiwan, Macau et l’Inde (seuls les 4 premiers passent).

Premier match face au Vietnam, je m’occupe des attaques à la place d’Antho qui doit se réserver pour les nombreux matchs qui lui restent à jouer. On ne se prend pas une fessée parce que les Viets ont la délicatesse de ne pas lâcher toute la puissance de leurs dragons, je ne me souviens pas vraiment avoir réussi à placer des attaques, mais plutôt que je n’étais pas tout à fait frais ni déverrouillé. Dans une longue compétition comme celle-ci, il est important de connaître ses objectifs et de savoir tenir son cap, ce match-là ce n’est pas celui où l’on doit tout donner, loin de là (on s’incline quelque chose comme 10-21 aux deux sets). Le match à ne pas perdre est le suivant : Taiwan. Dotée de deux attaquants la paire de Taiwan est une équipe asiatique juste en dessous des « grands » de ce continent, soutenue par une famille nombreuses de supporters et un coach qui lâche à chaque point gagné un cri d’encouragement digne d’un « goaaaaaaaaaaal » de commentateur de foot sud américain. Au premier set on arrive à installer notre routine d’attaque correctement et à défendre quelques points : on prend le set 21-17. Le second set les taiwanais change d’attaquant principal et on essaie autant que possible de faire attaquer celui du premier set, nos attaques fonctionnent toujours autant mais quelques constructions ratées nous font perdre la manche 17-21. Le troisième set l’ambiance commence à être énorme : une bonne partie du public chinois a rejoint les tribunes (oui, parfois la rivalité Chine populaire / République de Chine peut disparaître quand c’est pour taper une nation européenne !). On arrive à maintenir une longueur d’avance pendant tout le premier set, et j’arrive à relayer Antho sur les attaques en plaçant quelques bons smashs ; tout ça nous amène à 19-17. Deux points putain ! Une défense solide des taiwanais et une erreur de notre part nous amène à 20-20. Arrivés là, tout ce qui compte est la régularité : il faut deux points d’écarts, le service est échangé à chaque point, tout ce qu’il faut c’est réussir nos attaques et réussir éventuellement à tenir une défense – une seule ! J’ai un souvenir flou de ces derniers points, mais ce ne fut pas pour nous cette fois-ci : une construction d’attaque nous échappe lors d’une face offensive, donnant l’avantage à Taiwan qui réussi ensuite son attaque emportant le set 23-21. Quelle déception ! Mais le match était vraiment exceptionnel à jouer, et nous a emmené dans un état d’exaltation inoubliable.

Comme je le disais il nous fallait à tout prix finir dans les quatre premiers pour être qualifiés, ce qui a priori était acquis (grâce à l’Inde qui a envoyé deux débutants), mais pour se protéger un maximum en quart, aussi éviter de finir derniers de poules ! Le match suivant contre Macau ne devait donc pas être perdu. Clairement en deçà du niveau des Taiwanais que nous venions d’affronter, les jeunes joueurs de Macau possédaient une attaque tranchante mais peu régulière et n’avaient surtout pas du tout d’expérience de vice dans leur jeu. Au service, en plaçant l’autre joueur au filet face au smasheur principal, dans l’axe du service et en visant le volant derrière lui, nous avons déjà réussi à gagner de précieux points d’avance. Quelques attaques alternées d’Antho et moi ont fait le reste : on emporte le match facilement. Mine de rien, cette rencontre fait typiquement partie des matchs dans lesquels la France pouvait se retrouver en difficulté même si objectivement le niveau était tout à fait prenable ; c’est agréable de se dire qu’on a réussi à développer un jeu suffisamment régulier et fiable pour clouer ce genre de victoire. Et puis, personnellement c’est ma première victoire face à une équipe asiatique aux championnats du monde !

Dernier match contre l’Inde qui se déroule sans vraiment de dialogue sportif, le double indien n’ayant commencé à jouer qu’il y a quelques mois.

3ième de notre poule (ah ! cette défaite contre Taiwan !!), on affronte en quart de finale Hong Kong. Habitués des podiums, jouant à domicile, le double Hong Kongais part bien sûr favori. Le niveau de pression monte un cran, c’est le même terrain que les matchs de poules mais vas-y que je t’installe 5 caméras, que je te ramène les mecs de la télé, que j’interview le coach avant le match … sans parler du public qui inonde les tribunes (certainement plutôt en prévision des matchs suivants, il est vrai). Les deux joueurs de Hong Kong sont deux anciens que j’ai déjà vu à Rome en 2015. Un grassouillet à lunettes, efficace au contre et précis en passe, également doté d’une attaque qui fait mal aux oreilles. Son partenaire, un petit chinois avec des ressorts dans les chaussures qui attaque en dragon sur les passes directes de son acolyte. J’ai essayé d’observer la défense des chinois (qui les ont battu en poule) contre nos adversaires : le contreur et le défenseur au sol se mettent quasiment sur un même axe, sans vraiment protéger le couloir : les hong kongais n’ont pas la précision des viets et n’arrivent pas (encore ?) à placer leurs dragons dans un mouchoir de poche. On essaie donc comme ça : je contre et Antho se place du même côté de moi. Mais ça va trop vite ! On n’a même pas le temps de voir la plume. Bon, on essaie d’inverser, je feinte un saut vers le couloir et je change de direction au dernier moment. Et m… je l’ai fait trop tôt, et le chinois m’a vu du coin de l’œil en  l’air (!!) et m’a lobé dans l’autre direction. On épuise le premier sets avec ces tentatives de défense. Niveau attaque sur les premiers points Antho (placé côté droit sur le terrain) essayait systématiquement de décroiser (pour viser une zone où il n’y a personne, derrière le contreur), le volant rebondissait souvent sur le contreur, mais de l’autre côté d’Anthony sans que je puisse aller la récupérer. On inverse donc sur les derniers points et Antho smash directement sur le défenseur au sol de Hong Kong dont on découvre avec bonheur qu’il ne parvient tout simplement pas à rattraper les attaques d’Antho ! Premier set perdu 9-21, on démarre le deuxième avec l’énergie du désespoir en se disant que c’est maintenant où jamais qu’on peut tenter quelque chose. Et… de fait ! Les attaques d’Antho croisées passent toutes au millimètre et ne sont quasiment jamais défendues ! Au milieu du set on change également de stratégie de défense : mon contre n’est pas assez efficace contre les dragons du hong kongais, c’est Antho placé du côté droit qui s’en occupe et j’essaie de couvrir le plus de surface à côté sans vraiment y arriver. Mais les contres d’Antho portent leurs fruits ! Accroupi comme une grenouille il décolle à chaque attaque et nous permet de rattraper de nombreux points. Le public qui jusque là était plutôt silencieux commence sérieusement à encourager Hong Kong en hurlant à chaque point et en faisant un boucan insupportable avec tout le matos fournit à l’entrée (des sortes de longs ballons qu’on frappe l’un sur l’autre).
Et on arrive finalement à ce 20-20, comme Taiwan … il s’agit donc de tenir la baraque et réussir toutes nos attaques sans défaillir en espérant récupérer l’une des leurs. Je n’en ai pas parlé plus tôt, mais comme je le disais à Kévin dans les commentaires du post précédent les arbitres sont ici très à cheval sur les fautes de service : si un joueur sert alors que c’est pas son tour, on ne se contente pas de vous le dire c’est une pénalité et on perd un point ! Je vous assure que quand vous êtes dans un match à 200% c’est dur de se souvenir qui a servi au dernier point, ça paraît débile mais c’est vrai. Donc là on est à 21-20 pour nous, c’est une balle de set, c’est à nous de servir et on ne sait plus qui doit le faire. C’est moi ? C’est Antho ? L’arbitre est sur le point de siffler pour annoncer le service, après si on sert pas dans les cinq secondes le point est perdu … aaaah on fait quoi ? TIME ! TIME ! On demande un temps mort ! Trente secondes de pause pour réfléchir et discuter avec la team pour savoir si quelqu’un se souvient de qui devait servir ? Au milieu des cris :  » c’est moi ? c’est lui ?  » Etienne et Justine se regardent, nous disent  » c’est à Ayman, c’est à Ayman !  » et nous avouerons ensuite qu’ils n’étaient pas sûr à 100% … qu’ils avaient prié pour ne pas se tromper … Les matchs qui suivent on aura plus se problème : une technique brevetée par Xavier consiste à se passer la bouteille entre deux supporters à chaque changement de service, tricky le Javier ! Toujours est-il que je dois servir cette balle de set sans me planter, je vous assure qu’arrivé là on préfère assurer le coup avec une belle cloche d’ailleurs c’est ce que je fais. À 21-21, Antho réussi à défendre contre une attaque d’Hong Kong, et on construit l’attaque derrière. On a l’avantage car c’est à eux de servir, réception, passe, smash d’Antho et … on gagne ! 23-21 !! Ah la la l’émotion ! Le troisième set les hong kongais font moins d’erreur et alternent entre leurs deux attaquants, Antho, épuisé par contre + smash réduit son pourcentage de réussite, j’essaie bien de l’appuyer sur une attaque ou deux mais c’est pas vraiment concluant … pas assez chaud pour attaquer tout de suite, je n’ose pas vraiment prendre la responsabilité des attaques de peur de perdre trop de points. On perd ce dernier set comme le premier, frustrés de ne pas avoir réussi à maintenir la tension que l’on avait au deuxième mais ravis de notre performance toutefois ! Évidemment, après la rencontre, on se retrouve à refaire le match … et si … et si on avait gagné ?? Ralala, demi-finale quoi ! Les joueurs de Hong-Kong étant passés professionnels il y a deux ans maintenant (ce qui se ressent sur le niveau global de leur équipe), ce set arraché est d’autant plus appréciable. Notre principale faiblesse sur ce match : la défense face aux dragons aériens (qui n’existent pas vraiment chez les joueurs français), il faut en affronter beaucoup pour développer une intuition du placement à adopter en fonction de l’envol de l’attaquant (voir les viets ou les chinois défendre, c’est une dinguerie comme dirait Théotime, c’est comme si on leur soufflait dans une oreillette où se positionner pour récupérer le volant !).

Je ne sais pas jusque quand, mais ce match est disponible ici  à partir de la soixantième minute environ.

Non mais comparez la taille de nos jambes !

La suite …  éliminés des quarts, on a donc deux matchs de reclassement : le premier contre la Hongrie (si on avait battu Taiwan on aurait eu un reclassement contre Macau !), qui a perdu contre l’Allemagne en poule – j’en parle plus bas dans un autre paragraphe. On affronte la paire Gabor-Gabor. On perd un premier set sans vraiment trouver de solution : mes contres sont plus efficaces sur Gabor Toth, donc on met le paquet pour que ce soit lui qui attaque. On second set, mes jambes se sont un peu déverrouillées, j’arrive à soulager Antho avec quelques smashs et à feinter Gabor pour le contre. Antho de son côté est toujours autant régulier sur ses attaques et sa défense si bien que nos adversaires essaient systématiquement de faire attaquer Herczeg. On colle au score tout la seconde partie du set, on se dit qu’on va faire une Hong-Kong bis ! Mais on perd 19-21, pas peu fiers d’avoir donné du fil à retordre aux champions d’Europe ! Encore une fois, ce type de rencontre c’est un signe clair de progrès pour le niveau en France, il y a de quoi s’en réjouir !

On termine la journée de double par Macau que l’on rebat une nouvelle fois, Anthony me laissant attaquer la plupart du temps pour s’économiser en prévision de sa journée du lendemain.

Bilan du double : j’avais – je l’avoue – quelques appréhensions à tenir un rôle de passeur alors que j’ai l’habitude d’être attaquant principal. Je me demandais à quel point ça allait être source de frustration, voire si j’allais vraiment réussir à m’astreindre à la discipline « contrôle / passe » sans tenter de me la lever pour essayer de conclure le point moi-même. Et bien en fait, que dalle. L’envie de gagner, la régularité d’Antho dans son jeu et le plaisir que c’est de s’appliquer à faire des passes les plus précises possibles, c’est certes un tout autre délire que l’attaque mais ça n’enlève rien aux bonnes sensations du jeu. Quelques regrets peut-être de ne pas avoir pu être suffisamment présent pour lui donner le change lors des attaques (en bon diesel que je suis, si je n’attaque pas pendant 2 matchs à la suite, je mets bien 5 points avant de réussir à passer quelque chose), voilà un champ de travail pour la saison à venir : obtenir une condition physique qui permet de smasher sur commande, sans avoir besoin de plusieurs points de chauffe ! Un peu déçu par ma défense au sol aussi, mais là c’est vrai que c’est pas exactement mon profil de jeu …

Triple homme

La journée ne s’arrêtait pas là ! On avait encore des matchs de triple. Blessé au genou (une tendinite récurrente) le premier jour Etienne nous annonce qu’il ne pourra pas attaquer (il a tenté le premier jour, mais la douleur a augmenté). La loose ! Je parlais juste au-dessus de la capacité d’attaque « d’entrée », sans avoir besoin de plusieurs points pour être efficace, eh bien c’est justement le cas d’Etienne. Sans pour autant atteindre sa pleine puissance à la première tentative, Etienne possède une variété de gestes suffisante pour conclure des attaques très vite sur le terrain. C’est justement pour cela que notre triple avait été choisi : en excellent défenseur/passeur, Xavier pouvait compter sur Étienne lors des mes débuts laborieux, quitte à se rabattre sur moi plus tard pour conclure des points une fois que je suis chaud. Bon, c’est pas grave, j’ai joué toute la journée, je vais bien réussir à lever la jambe ! On fait un premier match contre le Vietnam (notre quart de finale) honorable qui nous permet de remettre en place notre routine (avec un seul attaquant). Les contres d’Etienne permettent de récupérer quelques dragons et les passes de Xavier nous assure trois/quatre attaques gagnantes.

Ensuite … reclassement : Macau ! Là, il s’agit de gagner, pour pouvoir passer dans le reclassement 5-6. Les joueurs d’en face possède deux attaquants, un pour les smashs, l’autre pour les dragons. Ils n’ont pas la régularité standard en Asie, mais il faut rester vigilant et taper dès que possible pour ne pas risquer une mise en confiance. On gagne 21-17, 21-14, assez contents de notre match et de nos constructions. Le dernier match de triple aura lieu jeudi matin … ce sera la revanche face à l’Allemagne contre qui nous n’avons pas vraiment joué la dernière fois, l’occasion de corriger le tir !!

Qui monte sur le podium aujourd’hui ?

La Chine et le Vietnam se partagent le gâteau pour l’épreuve de double : pour les hommes, Tuan, un vétéran ancien champion du monde et son partenaire (le « dieu des dieux » comme dit Micheline) ont battu la Chine sans vraiment de contestation possible, notamment grâce aux dragons de l’attaquant principal … un geste d’une pureté indescriptible. Pour les dames, ce sont clairement les chinoises qui étaient devant, plutôt grâce à leur défense : la passeuse, qu’on avait pu voir à l’Open de France 2012, a réussi à rattraper de nombreuses frappes puissantes de la petite attaquante vietnamienne !

Je termine par la prestation des allemands, pour le double homme. Comme je le disais, la paire inédite Philipp Kühne / Sven Walter a réussi à battre en poule le Gabor². David Zentarra, blessé depuis plusieurs mois, a donc vu son fidèle partenaire s’apparier avec Philipp Kühne, qui est probablement l’attaquant le plus violent d’Europe … mais aussi un joueur au mental friable. Comment allait donc fonctionner cette combinaison contre les amateurs de Palinka ? Il leur aura fallu trois sets, très serrés pour s’en sortir et une stratégie toute en finesse pour conclure le match : ils ont forcé Gabor Toth a attaqué durant toute la rencontre – moins piquant, moins vicieux que son homonyme – et, pour les trois derniers points du dernier set, ils ont inversé en laissant Gabor Herczeg prendre les attaques. Le pari : sans l’élan des trois sets pour se chauffer les jambes, les smashs d’Herczeg seront peut-être plus gérables. Et bien la stratégie fut réussie ! C’était malin car avec les attaques de Philipp quasiment toutes marquées, il ne fallait que réussir à défendre sur quelques points pour s’en sortir. Mais Philipp et Sven n’étaient pas vraiment seuls pour cette rencontre : David, présent comme coach pour cette compétition hurlait comme un fou aux abords du terrain. Après la balle de match gagnante, il rentre sur le terrain et frappe dans le dos Philipp, si fort que le pauvre gars en a le souffle coupé. Plus tard, quand je le charrie sur la question en lui disant qu’il martyrise les joueurs (parce qu’il a aussi mis une grosse claque sur la cuisse de Xavier dans le bus !), il se tourne vers Xavier et lui dit : « Do you still feel it ? », et quand Xavier lui confirme, ne pensez pas que David s’excuserait :  » So you know I am with you, always. It is the same for my team. Now Philipp knows I am with him, always ». Ahahah le mec est fou.

Rencontrant Macau en quart, l’Allemagne se qualifie pour la demi-finale, s’incline face au Vietnam et joue donc la troisième place contre Hong Kong. Un match époustouflant : premier set gagné sans trop de longueurs par l’Allemagne, le second s’est terminé à 29-27 par une défense de Sven et une attaque magnifique de Philipp ensuite ! J’ai cru que David allait perdre ses cordes vocales ! La scène de liesse qui s’en suivie était vraiment un moment magnifique : c’est la première fois que l’Allemagne obtient une médaille de bronze en double aux championnats du monde, et c’est pour l’instant la seule nation européenne à en obtenir une pour l’édition 2017 ! Tout cela, sans la présence de David sur le terrain, qui est pourtant (sans sa blessure), le joueur phare de l’équipe. Mais comme je le disais, même lorsqu’il ne joue pas, il apporte énormément à par l’énergie qu’il insuffle de l’extérieur … à se demander si ce rôle de coach n’est pas autant efficace que son rôle de joueur !

Großartig Sven und Philipp !!!!

3 reflexions sur “Jour 5 : le jour le plus long

  1. Un castor Gabot

    Une chance que notre Président manie aussi bien les deux formes de plum(e)s : merci Ayman pour ces récits exaltants, au jour le jour, en plus de la compét’, des insomnies, des dragons dans la tronche !

    Maintenant, ne reste plus qu’à éclater nos amis allemands, ils vont pas tout gagner non plus !

    Good luck à vous pour les dernières forces dans ce 9th World Shuttlecock Championship…

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