Et voilà … le jour des adieux est arrivé. Pour certains joueurs ça veut dire qu’on ne va pas les revoir d’ici deux ans pour les prochains championnats du monde. Alors j’essaie de faire de la pub’ pour le prochain (le 10ième !) Open de France, en invitant un maximum de monde. J’ai des demi-promesses de Hong Kong et de l’Indonésie, on verra bien …
Farewell lunch
Réveil difficile pour la plupart, le check out se fait dans la cohue ce matin. Dans le lobby, alors que j’attends avec Luca, on retombe sur le chef des Taiwanais, le papy de 80 ans fan de « Édith Paf ». Il continue à nous étaler sa culture musicale franco-italienne des trentes glorieuses, on a droit à tout : Joe Dassin, Celentano etc. Comme je le sens bien parti je lui demande si il connaît un peu de musique arabe aussi. Moi qui pensais qu’on allait démarrer un parallèle intéressant entre Édith Piaf et Om Kalthoum j’ai dû contrôler un fou rire avec Luca quand il m’a répondu « No arab music, ISIS people they read coran and they kill people », j’avoue que là celle-là je l’avais pas vu venir …
Pendant notre attente dans le lobby les hong kongais nous propose de se joindre à eux pour le déjeuner, ce sera mon dernier repas local, on accepte avec plaisir.
Pour le repas je choisis de m’asseoir à côté du coach de l’équipe de Hong Kong. Il y a deux ans, à Rome, j’arbitrais un match de Hong Kong face à l’Allemagne et on avait eu un échange un peu tendu concernant l’une de mes décisions ; j’avais évacué la question du haut de ma chaise par un « are you a coach or a referee ? » et lorsque j’avais essayé de retourner le voir par la suite pour apaiser tout ça il avait répondu par un très asiatique mouvement de tête « yes, yes, no problem », mais avait continué à éviter soigneusement mon regard dès qu’on se croisait … Ça a donc été l’occasion de discuter un peu et j’en ai beaucoup appris sur les joueurs de Hong Kong. Premier scoop : non, ils ne sont pas professionnels contrairement à ce que je postais il y a quelques jours ! Je ne sais pas d’où la rumeur a circulé, mais les joueurs de Hong Kong ont tous un job à côté. Le niveau qui a tant augmenté les deux dernières années c’est grâce à leur bon classement il y a deux ans, qui leur a permis d’obtenir plus de créneaux et plus de moyens pour s’entraîner, mais comme nous ils cumulent activité professionnelle + entraînement intensif le soir… Il m’explique aussi que les joueurs chinois, la génération actuelle, sont en quelque sorte semi-professionnels : il s’agit d’étudiants qui peuvent (comme aux états-unis) obtenir des bourses pour de grandes universités en fonction de leur résultats sportifs (ils s’entraînent tout de même 6 heures par jour hein). Les seuls réellement professionnels sont les vietnamiens. Autre surprise quand je me renseigne sur l’âge moyen de ses joueurs : beaucoup sont dans la tranche 25-30, et l’un de leurs plus puissants attaquants (ci-bas sur la photo) a 40 ans !
On reparle de l’Open de France, il me dit que ça ne sera pas forcément possible cette année, mais qu’il aimerait bien emmener son équipe. On rigole pas mal, il m’explique ce qu’on nous sert à manger (mmh les œuf brouillés au beurre de truffe !) et à la fin du repas, lorsque en scred il m’amène un sac contenant plusieurs boîtes neuves de volants en me disant « chtt, don’t tell the other teams I gave you this », je comprends que la tension est définitivement passée 🙂
Départ et bilan
Après ce repas, je quitte le reste de l’équipe de France (Xavier et June étaient déjà partis le matin même) et me dirige vers l’aéroport avec les allemands qui prennent le même avion que moi vers Dubaï. Sur la route je repense à l’intensité de cette semaine et ce qu’elle nous a apporté. Voici les classements de cette compétition. Si je compare avec Rome en 2015, on conserve grosso modo le même classement général mais on a bien progressé sur le triple (on était 9ième et là 6ième), et plusieurs matchs (double homme contre Hong Kong et simple d’Antho contre Torben en 3 sets) sont encourageants. Comme nous le disait Cédric, en dehors du premier set du triple fille contre Taiwan (qu’elles ont finalement effacé en remportant la rencontre) nous n’avons pas réalisé de non match, comme ce fut longtemps le cas pour l’équipe de France dans ces compétitions. Comme souvent (et encore plus en Asie), les championnats du monde boostent la motivation : on veut rentrer, faire des exercices, faire du physique et affiner nos attaques … plein de belles résolutions pour la saison à venir ! Personnellement après un championnat comme ça, je vais tout faire pour continuer d’être sélectionné en équipe de France, tant que mon vieux corps et mes résultats sportifs me le permettront !
D’un point de vue organisationnel les Hong Kongais nous mettent la barre assez haut, si effectivement la France s’occupe des championnats 2019 … Nous n’aurons pas les moyens de faire les choses en aussi grand (rien que les arbitres : il y en avait 5 par terrains, systématiquement, là où on peine parfois à en trouver un seul !), mais nous aurons toute la liberté de donner à cet événement un peu de notre identité et beaucoup de notre savoir-faire ! En tous les cas, je tiens à remercier toute l’équipe pour l’implication dont les joueurs ont fait preuve tant sur le terrain qu’en dehors, ainsi qu’à tous nos soutiens qui nous ont envoyé leurs encouragements à distance ! La bise !
40 ans… Oh, cette nouvelle va illuminer ma journée, les Castors peuvent ressortir leurs belles et longues dents de devant, tout n’est pas terminé à peine commencé, merci Ayman !
Encore merci à toi Ayman pour tous ces billets vraiment top à lire !
Gloupss, j’espère qu’Antho n’a pas non plus pris trop de bonnes résolutions, sinon, comme le dirait Johnny Rambo, à la maison, « ça va être le Vietnâm » (et oui, Sylvester Stallone jouait à la plume).
En bon chieur que je suis, Ayman, le lien que tu as mis ne fonctionne pas ; P
Merci à toi Kévin, lecteur assidu et correcteur impitoyable ! 🙂 Tu avais raison pour le lien, j’ai écrit l’article un peu vite, normalement c’est corrigé ! Et oui, à 40 ans on peut encore faire de belles performances sportives (pense à Silke et aux finlandais !), le tout est de ne pas avoir trop de concurrence juvénile, c’est pourquoi je propose de fixer l’âge minimum de sélection en équipe de France à 33 ans. À bientôt castor !
33 ans, pas mal, je dirais plutôt 31 car c’est un nombre premier (ce que je suis pas prêt à inventer pour avoir les faveurs du Président) avec, tous les ans, un relèvement de ce seuil d’entrée… d’un an ! Par contre, dans cette histoire, on n’a plus Anthony dans la sélection : (
Histoire de la jouer encore assidue et en mode Coluche (je comprends vite mais faut m’expliquer longtemps) : je comprends le premier tableau du lien que tu nous as mis Ayman, un peu moins le second. En fait, j’ai du mal à comprendre à quoi correspondent les cases « Score » : sont-ce la moyenne des points marqués par set ou, plus vraisemblablement, la moyenne des points marqués par set perdu ? A mon sens, c’est davantage le second car j’imagine que pour le Vietnam, on devrait davantage tendre vers les 21 que les 16 en triple ou les 15 en simple, non ? En même temps, en simple homme, le score de l’Indien est de 1 : donc le mec s’est pris entre 21-2 et 21-0 tout le temps, ce qui paraît quand même vraiment vraiment peu.
Je doute…
Merci Ayman !
Hello Kévin, concernant la sélection, je pense qu’il est effectivement raisonnable d’envisager une dérogation à la limite d’âge pour tous les joueurs d’origine asiatique aux yeux clairs et friands de KFC. OK aussi pour abaisser la règle à 31 ans, mais pas moins hein.
Concernant le tableau j’ai la désagréable impression que le lien ne fonctionne plus (si tu as téléchargé le document, je le veux bien). En tous les cas je pense que les points sont attribués d’abord par rapport aux nombres de victoires ou un truc du genre.